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Comment protéger son dos quand on est soignant ?

            La vie professionnelle des soignants n'est pas un sacerdoce et votre dos vous le fait bien sentir. Voici quelques conseils pour prévenir et soulager les problèmes de dos.

            Soulever. Courir. Piétiner. Se pencher. Le dos des professionnels de santé est en tension permanente – il subit, et pas qu'en silence. Nous nous sommes entretenu avec Tiphaine, ostéopathe libérale ayant travaillé avec et pour des soignants. Son expérience, elle la résume ainsi : « Quand j'ai travaillé en clinique, j'étais sidérée par l'état de mes patients professionnels de santé. Prendre soin des soignants, c'est essentiel. Mais puisque ce n'est pas une préoccupation, loin de là, dans tous les établissements, il faut savoir prendre le temps de prendre soin de soi. »

Prévenir le mal de dos à la maison

            L'hygiène de vie. Bien dormir. Bien manger. Bien s'hydrater – la sentence peut paraître banale, mais bel et bien importante. Avoir des activités à soi, pour s'évader, voici les premiers impératifs pour conserver un dos en bonne santé. Et rien n'est plus logique : en avoir plein le dos, ce n'est pas qu'une expression.

            Le sport. Malgré un quotidien sportif, la journée de travail n'est pas du bon sport. Pour entretenir sa santé physique et mentale, « l'idéal est d'allier trois types activités : le cardio (marche rapide, course, natation, vélo...), le renforcement musculaire (gym, musculation...) et la souplesse, avec les étirements, nous indique Tiphaine. L'essentiel est de cumuler au moins 30 minutes d'effort modéré par jour... ne serait-ce qu'en amenant les enfants à l'école à pieds ou en allant travailler à vélo. » Le matin, le soir, en club, entre amis ou en solo, le tout est d'insérer le sport à votre emploi du temps, même familial.

Prévenir le mal de dos au travail

            L'échauffement. « S'échauffer avant la journée de travail prévient le mal de dos. Comme tout est lié à la colonne, ce sont toutes les articulations qu'il faut protéger. » L'idée, c'est de reproduire les mouvements que l'on faisait à l'école avant le sport : gestes circulaires des épaules, coudes, poignets, chevilles, torsions de buste et flexions de genoux. « Ça prend trois minutes, et ça prépare la machine pour la journée ! »

            L'ergonomie. Les douleurs commencent avec des chaussures mal adaptées : « Souvent, on donne des crocs aux soignants et ce n'est pas le plus adapté. Pour sauver son dos, on opte pour une vraie paire de chaussures avec de bons renforts (lacets, scratchs) et des semelles si besoin – on évite ainsi une compensation musculaire, donc des douleurs. » Même assis, il faut penser ergonomie : « Être affalé en arrière met en contrainte le dos. On préfère une assise avec le bassin orienté vers l'avant. Pour s'aider, on peut mettre des galettes sous les fesses, ce qui facilite un bon maintien. »

            Les bons gestes. A retenir : fléchir les genoux quand on se penche et faire des pauses pour se délier les jambes et étirer son dos. « Quand on n'a pas de lieu où s'étirer au sol (ex : à quatre pattes, creuser le dos à l'inspiration, et faire « dos rond » à l'expiration, indique l'ostéopathe), on peut, jambes tendues, rouler en avant pour amener les mains vers le sol en expirant doucement puis se relever vertèbre par vertèbre avec un grand mouvement d'inspiration. Ainsi, on ouvre la cage thoracique pour libérer le diaphragme et donc le dos. »

Quand le mal de dos est installé

            Chercher les pathologies potentielles. Avant toute chose, quand un mal de dos récurrent s'installe, il faut consulter et faire les examens nécessaires pour éliminer toute pathologie sous-jacente.

            S'écouter, se soigner. Une fois les pathologies écartées, il faut découvrir ce qui va nous faire du bien : la relaxation, la kiné, l'ostéopathie... « Quand le corps envoie un signal de douleur, il faut l'écouter : on a tendance à foncer sans s'écouter, vouloir aller toujours plus loin – souvent parce qu'on n'a « pas le choix », mais c'est très mauvais. Mes patients arrivent souvent au cabinet quand ils n'en peuvent plus, au point de rupture, quand la douleur est si importante qu'elle invalide. » Et ce point de rupture est souvent point de non-retour. Mais, bonne nouvelle, vous savez maintenant comment l'éviter !